Les Mamans Inspirantes #9 : Nathalia, fondatrice du concept store genevois pour enfants Nath & Jul et maman de deux petits garçons
Solaire et pétillante, Nathalia nous accueille à bras ouverts dans sa boutique genevoise. Véritable petit cabinet de curiosité, Nath & Jul est un reflet de tout ce qui passe par la tête de la créative Nathalia.
Sa sélection est pointue, fraîche comme le billet d’humeur d’une vie de cette jeune maman.
Sans chichis, nous avons échangé autour de la naissance du concept Nath & Jul, de ses débuts dans l’entrepreneuriat, de la face cachée du retail mais aussi de ses inspirations et de l’importance de sa famille.
Portrait d’une autodidacte déterminée à la créativité sans limites.
- Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Nathalia et j’ai bientôt 36 ans. Je suis brésilienne d’origine et genevoise de coeur. J’ai 2 enfants Julian, 7 ans (d’où le nom de la boutique Nath & Jul !) et Matia, 3 ans.
Le concept Nath & Jul est né lorsque j’étais enceinte de Julian : je travaillais dans le domaine des assurances et très vite, j’ai dû m’arrêter de travailler pour des soucis de santé. Étant de nature assez hyperactive, cette future inactivité m’a fait peur.
En parallèle, j’étais fan des shop online autour de la petite enfance, de trouver le meilleur doudou à travers des recherches de marques… Et puis j’ai commencé à en faire moi aussi !
Petit à petit, les choses ont démarrées. J’ai donc commencé avec le eshop : à sélectionner des coups de coeur, une marque puis deux… C’est comme ça que Nath & Jul a pris vie.
- Comment définirais-tu ton parcours entrepreneurial ?
Il est similaire je pense à celui de nombreuses femmes entrepreneures qui ont des enfants. J’avais cette envie qui me prenait aux tripes mais beaucoup de culpabilité vis-à-vis de mes enfants.
J’ai été mère au foyer durant 2 ans pour mon aîné et j’ai assez mal vécu cette période, je me trouvais “une mère horrible” ! (rires).
J’étais et je suis encore très fusionnelle avec mon premier mais j’avais besoin de faire autre chose en parallèle. J’ai ouvert ma boutique en juillet durant les vacances scolaires, donc mon fils est un peu passé de tout à “rien”. Cependant, il était important pour moi de garder le mercredi avec mes enfants, même si cela m’a valu pas mal de critiques au niveau business.
Nath & Jul, c’est mon troisième enfant : j’ai envie d’en vivre mais je ne rêve pas d’ascension fulgurante ou de success story de dingue.
Je suis là parce que j’ai envie d’être là et que je suis bien. Je souhaite mener mon projet et ma vie de maman main dans la main, je pense d’ailleurs que c’est le challenge pour chaque maman qui se lance dans l’entrepreneuriat.
Chez moi, l’entrepreneuriat n’était pas le rêve d’une vie mais j’aime les gens et j’ai ce côté très sociable. Et puis le facteur chance est indéniable : j’étais au bon endroit au bon moment. J’ai vu une annonce pour le local sur facebook, je suis allée voir et tout a commencé, je ne m’y attendais pas.
- Parle-nous du petit monde du retail et de ton expérience
Avant Nath & Jul, j’ai longtemps travaillé dans une boutique à Carouge où j’ai appris beaucoup.
Je pense que le plus important est de toujours se démarquer, avoir son propre univers.
Il faut faire attention aux autres boutiques proches et éviter d’avoir les mêmes produits.
Ce n’est pas toujours facile car Genève est une petite ville !
- Quel est l’ADN de Nath & Jul en 1 mot ?
C’est mon fils donc de l’amour, beaucoup d’amour.
Du travail aussi bien sûr, mais le mot amour qualifie totalement Nath & Jul car tout ce que je fais, je le fais avec sincérité.
Faire ce qu’on aime, ça n’a pas de prix.
- Comment choisis-tu les marques que tu vends ?
Je m’inspire beaucoup sur instagram notamment des boutiques du monde entier. Je trouve des coups de coeur que je contacte ensuite directement pour leur proposer une collaboration.
Je vais aussi beaucoup sur Etsy mais le problème majeur de cette plateforme, c’est souvent les coûts.
J’adore faire découvrir de nouvelles marques à mes clients !
Je fonctionne beaucoup au coup de coeur. La majorité des créateurs que je vends en boutique, je les connais et je suis en contact permanent avec eux. Avec les grands, c’est plus compliqué. Tous les “petits” comme je les appelle, j’aime échanger avec eux et avoir un suivi en boutique. Les relations humaines sont très importantes pour moi.
Je pense que je pourrai refuser un créateur par arrogance. C’est d’ailleurs quelque chose dont j’ai justement souffert dans l’entrepreneuriat : lorsqu’on est petit et que l’on ne remplit pas les minimums de commande, c’est frustrant car soit on doit renoncer soit c’est un trop gros stock à écouler.
Quand on rentre dans cet aspect business là, une marque perd un peu de “sa magie”, il n’y a plus de côté artisanal ou de réelle proximité. Les petits créateurs sont beaucoup plus souples là-dessus.
J’essaye aussi de faire attention au Made in China et d’avoir une belle qualité de produits. Parfois on ne peut pas éviter le Made in China mais ce n’est pas toujours péjoratif. Aujourd’hui en 2020, l’Asie possède aussi un savoir-faire particulier. Il faut donc être juste depuis le départ. Après tout, on est tous humains et on ne peut pas toujours être éthiques à 100%.
C’est d’ailleurs extrêmement dur de trouver une marque clean à 100% ! En tout cas, moi j’aime en savoir le plus possible pour informer le client, très demandeur de transparence aujourd’hui.
- Quelle relation entretiens-tu avec la mode ?
Je pense qu’en vieillissant, je préfère la qualité à la quantité et posséder de belles pièces. Après comme tout le monde, je vais parfois dans de grandes enseignes de fast fashion ! (rires). Quand je trouve une marque qui me plaît, je me crée mes petites habitudes et je reste très fidèle. Je porte aussi des produits que je vends.
Je fais tout de même attention dans ma façon de consommer, par exemple je commande rarement sur les grandes plateformes de e commerce. Je suis une personne qui aime beaucoup essayer même si par manque de temps, je commande parfois en ligne.
Je ne suis pas complètement “psycho de l’éthique et du durable”, je fonctionne aussi au coup de coeur.
Si je peux trouver une marque qui fait des choses “bien et clean”, je suis toujours preneuse mais de nouveau, il faut avoir le budget et ce n’est pas forcément quelque chose que tu fais tous les jours.
- A ton avis, saisonnalité et mode, est-ce toujours compatible ?
Pour nous en tant que commerçants, en vérité c’est chiant ! (rires).
A cause des délais de livraison, nos commandes de “saison” arrivent bien souvent en retard ou au mauvais moment.
L’inter saisonnalité peut être intéressant pour le client. Des marques ont commencé à s’y mettre comme Veja, qui font les mêmes modèles pour toutes les saisons à quelques exceptions près.
Bien sûr, il y a certaines pièces pour lesquelles c’est impossible comme des petites jupettes ou les maillots de bain… Mais pour d’autres, cela peut très bien fonctionner ! Je vends par exemple des tee-shirts en toute saison, à porter en hiver sous un cardigan.
En tout cas, j’encourage à fond cette démarche lorsque c’est possible !
- Qu’est-ce que ton rôle de maman a ajouté comme plus-value à ton business ?
Mes enfants m’aident tous les jours ! Je m’inspire d’eux pour tellement de choses.
J’ai deux garçons donc forcément ils ne sont pas très “shopping”. Au début en tant que maman, c’est frustrant ! (rires). Et puis à la base, on a toujours ce rêve d’avoir une petite fille…
Il faut dire qu’en terme de mode, un garçon n’a jamais autant de choix qu’une fille, j’en ai fait l’expérience !
Dans ma boutique, je choisis volontairement des pièces unisexes car je trouve ça dommage que la mode garçon soit toujours “moche” ou limité.
Je fais parfois des photos de mes enfants avec quelques produits de la boutique mais je ne vais pas forcément les inclure dans ma démarche. Ce qu’ils m’apportent, c’est surtout beaucoup de force.
Quand je rentre le soir après une journée difficile, ils sont là et me disent des choses tellement adorables… Je fonds ! Je pense aussi que j’ai clairement changé avec eux dans plein d’aspects de ma vie. Avant, je ressentais cette espèce d’insatisfaction de ne pas complètement m’épanouir.
Me lancer dans l’aventure Nath & Jul à leurs côtés, ça change beaucoup de choses : j’ai plus de patience avec eux même si je suis épuisée à la fin de la journée. Je ressens beaucoup moins de frustration ou d’énervement, je suis plus dans le lâcher prise et le fait de relativiser.
Je suis plus souriante, plus heureuse et en conséquence, cela se ressent sur mes enfants.
Je pense que certaines femmes sont faites pour être mère au foyer et d’autres non, c’était mon cas. Il s’agissait de mon bien-être et de celui de ma famille de choisir cette voie.
- Justement, quelle est ta vision de l’esprit de famille ?
C’est clairement ma famille en premier.
Mais il faut parfois s’écouter et prendre du temps pour soi. On va se “sacrifier” toute notre vie pour nos enfants, il faut donc penser à prendre du plaisir et à être heureux nous aussi pour leur faire ressentir.
Lancer Nath & Jul a aussi contribué au bien-être de mon couple, je pouvais échanger avec mon conjoint autour d’un autre sujet que les enfants.
Enfin l’esprit de famille, c’est trouver un certain équilibre. Je commence petit à petit. Il me reste à trouver un samedi avec eux car pour l’instant je n’ai aucun week-end de libre. J’ai d’ailleurs pour projet d’engager quelqu’un pour la rentrée.
- Quel est le meilleur conseil que l’on t’ai donné dans ton parcours entrepreneurial ?
De plus oser et plus me vendre. Je n’aime pas trop me montrer, j’ai ce côté un peu réservé où je ne me montre pas assez. J’ai toujours peur de ce que vont penser les autres…
Je dois prendre confiance en ce que j’ai créé car je ne réalise pas toujours ce que j’ai construit.
Apprendre à être fière de moi ! Mais j’y travaille… (sourire)
- Que peut-on te souhaiter de plus fou ?
De pouvoir continuer à faire ce que j’aime tout simplement ! Et qui sait, un jour peut-être avoir une arcade un peu plus grande !
Retrouvez Nathalia dans sa boutique Nath & Jul, Boulevard de Saint-Georges 52, 1205 Genève – ou sur son compte instagram Nath & Jul